Il était de règle, au moyen âge, que les villages et les terrains des communes fussent aux mains d'une seule famille, parfois de deux. Ces seigneurs, qui appartenaient généralement à de grandes et anciennes lignées, possédaient très souvent plusieurs villages, généralement situés dans la même zone géographique. Belcodène ne fit, évidemment, pas exception à cette règle et passa, au fil des unions et des héritages aux mains de plusieurs familles dont certaines parmi les plus puissantes.
Pour réaliser cette page, je me suis basé sur l'historique de la commune, donné par Henry de Gérin Ricard, dans son livre :
" Monographies des communes de Peypin, la Destrousse, Belcodène, Gréasque, St-Savournin, la Bourine, Mimet & Fuveau.".
J'ai corrigé quelques inexactitudes contenues dans ces informations, et les ai complétées grâce à de nombreuses recherches surtout
en ce qui concerne la partie la plus récente, c'est à dire à partir de la famille d'Hermitte.
Il faut dire qu'Henry de Gérin Ricard n'avait pas accès à internet et à tous ces documents aujourd'hui numérisés : archives, livres, presse...
Les Vicomtes de Marseille.
On sait qu'en 948, l'empereur germanique Conrad, nouveau suzerain de Provence, installa trois comtes sur ses terres, un à Apt, un en Avignon et un à Arles. Puis, en dessous d'eux, Conrad installa deux vicomtes pour les seconder, Nivion à Cavaillon et Arlulfe à Marseille. Arlulfe est à l'origine de la dynastie vicomtale de Marseille . Il est seigneur de Trets. La participation du fils d'Arlulfe, Guillaume, à la campagne de Guillaume le Libérateur, premier comte de Provence, contre les Sarrasins installés dans le Var, fit la fortune de sa famille.
Guillaume Ier et Aicard.
Au Xe siècle, Belcodène appartenait en entier aux deux fils d'Arlulfe, Guillaume Ier, vicomte de
Marseille , et son frère Aicard.
Aicard disposa de sa part en faveur de l'abbaye de Montmajour vers 1008.
Foulque et Bilielde.
La part de Guillaume Ier, elle, passa par moitié à son fils Foulque (mari d'Odile) et à sa femme
Bilielde (ou Bililde).
Ils firent donation du quart de leurs possessions à Belcodène, en faveur de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille.
De villa vero quam dicunt Bulcodinas IIII partem.
Montmajour et Saint-Victor
La donation de Foulques et d'Odile résulte d'une charte donnée le 19 juin 1020 au château de Fos, confirmée en 1040 et 1044 ; celle de Bililde est du 13 décembre 1010 . Montmajour et Saint-Victor possédèrent donc par moitié le fief de Belcodène dès le commencement du onzième siècle.
Aymar de Belcodène.
L'abbaye de Montmajour du céder peu après sa part (sauf cependant ses droits sur l'église et quelques dépendances) à un seigneur, qui porte le nom d'Aymar de Belcodène et figure comme témoin dans trois charte de 1037 et 1057, relative à des donations à Saint-Victor, de terres et de la juridiction de Saint-Julien près de Fréjus.
Pons Maunier.
En 1093, Pons Maunier (Marie de Salomée et père de Guillaume et de Foulques), fils de Guillaume III le Jeune, vicomte de Marseille, possédait des biens à Belcodène et des droits sur le château ; il les donna ainsi que sa part du château d'Ollières à Saint-Victor, le 22 octobre de la même année . Ce ne pouvait être là que la partie cédée par Aycard à Montmajour, car Saint-Victor continuait à posséder l'autre moitié de Belcodène, lorsque la donation de Maunier vint réunir entre les mains de l'abbaye marseillaise la totalité de l'ancien fief des vicomtes.
Il existe, aux archives départementales, sous la référence 1 H 62, un document décrivant la "confirmation à Saint-Victor, et à l'abbé Richard, par Pons Maunier, sa femme Salomé et ses fils Guillaume et Fouque, de tout ce qu'ils possédaient et pourraient posséder dans leur juridiction et particulièrement à Belcodènes et à Olières".
Hugues Geoffroy II.
L'abbé de Saint-Victor, Guillaume, surnommé Pierre, rétrocéda à Hugues Geoffroy II, (Hugues Gaufred) , vicomte de Marseille, seigneur de Trets, fils de Raymond Geoffroy et descendant de Guillaume Ier, vicomte de Marseille, une grande partie de Belcodène. On voit que, grâce aux donations faites précédemment par la famille des vicomtes, le monastère possédait presque entièrement la territoire de Belcodène, puisqu'il est dit dans la charte que l'abbé susnommé cède au fils du vicomte, en échange de certains autres biens, la tierce portion du territoire, en se réservant toutefois les droits de l'église, les dîmes et les redevances provenant des terres qui dépendaient de cette paroisse .. Cette transaction qui porte aussi sur les seigneuries de Ollières , Pourcieux, et Six-fours, est datée de 1156 et fut passée en présence de Raymond Bérenger, comte de Barcelone. Hugues Geoffroy II mourut en 1170, laissant de sa femme Cécile cinq fils qui se partagèrent la vicomté de Marseille, dont :
Raymond Geoffroy II.
Raymond Geoffroy II, surnommé Barral, quatrième fils de Hugues Geoffroy II et de Cécile, recueillit
Belcodène dans l'héritage de son père.
Marié à Marquise Exmile (ou Ixmille) il le transmit, par leur premier fils Burgondion Ier,
à une branche qui porta indifféremment les noms de Puyloubier et de Roquefeuil (fief de la vallée de Trets ).
Son deuxième fils, Geoffroi, nommé Reforciat, ne laissa qu'une fille, Sybille, qui n'ayant pas eu d'enfant, termina cette deuxième branche.
La famille de Roquefeuil.
Burgondion I.
Burgondion I, seigneur de Trets et d'Ollières. Il fut marié deux fois :
D'un premier mariage avec Alazazie il eut un fils : Raymond de Roquefeuil, seigneur de Puyloubier. celui-ci fut l'arrière-grand-père
d'Isnard de Roquefeuil que nous retrouvons plus bas.
D'un second mariage avec Mabille d'Agoult de Pontèves, dame de Mazaugues, il eut 8 enfants dont :
Raymond Geoffroy
Raymond Geoffroy, seigneur de Rosset et de Bulcodènes, fils de Burgondion I et donc petit-fils de Raymond Geoffroy II . Il se fit religieux de Saint Benoît et se rendit si recommandable par ses vertus, qu'on l'élut général des frères mineurs, au chapitre tenu à Riéti, en 1289, en présence du pape Nicolas IV. Il refusa l'évêché de Padoue, qui lui fut offert.
Jacques de Roquefeuil
Jacques de Roquefeuil, seigneur de Belcodène.
Raymond de Roquefeuil.
Né vers 1230.
Marié avec Améliane de Roquefeuil, dont il aura Burgondion III.
Burgondion III de Roquefeuil.
Né vers 1270.
Décédé le 10 novembre 1350, inhumé à Belcodène (?).
Burgondion IV de Roquefeuil.
Né vers 1265.
Décédé le 21 décembre 1357.
Seigneur de Puyloubier.
Marié vers 1290 avec Isnarde d'AUPS dont il aura Isnard ou Isoard de Roquefeuil, ci-dessous.
Isnard ou Isoard de Roquefeuil
Isnard ou Isoard de Roquefeuil
Né vers 1285. Fils de Burgondion IV de Roquefeuil et de Isnarde d'Aups.
Il épousa, vers 1330, Catherine du Puget de Albanesio, dont il eut quatre
filles : Sance et Philippine, religieuses à l'abbaye de la Celle, Béatrice et Isoarde que nous retrouvons ci-dessous.
Isoarde de Roquefeuil.
Isoarde, appelée aussi Darde de Roquefeuil, née à Puyloubier en 1320.
Dame de Puyloubier et de Belcodène ; elle apporta par son mariage ces seigneuries à Jean de Sabran baron d'Ansouis.
La famille de Sabran Ansouis.
Jean de Sabran.
Jean de Sabran baron d'Ansouis, seigneur de la Tour d'Aygues et Peypin, grand chambellan de la reine Jeanne, fils de Guillaume, comte d'Ariano et neveu germain de Saint Elzéar de Sabran.
Il épouse Isoarde (Darde) de Roquefeuil en 1365.
Le 1er juin 1374, les habitants de Belcodène leur rendent hommage :
...la dame de ce bourg est la remarquable noble femme Darda, épouse du remarquable noble homme Jean de Sabran...
Le 20 juin 1386, Isoarde prête hommage à la reine Marie, mère et tutrice de Louis II pour les trois quarts du château et du fief.
"Homagium noblis Isoarde de Rocafolio.
In nomine Dni nostri Jhu Xpi, amen. Anno incarnationis ejusdem millesimo CCC. LXXXVI., die XX mensis junii, IX ind., regnante serenissimo principe dno nostro rege Ludovico Dei gratia Jerlem et Sicilie, ducatus Apulie, Andegavieque duce, comitatuum Provincie et Forcalquerii, Cenomanie, Ronciaci ac Pedemontis comite, regnorum vero ejus anno secundo feliciter. Amen. Ex tenore hujus publici instrumenti pateat universis, tam presentibus quam futuris, quod constitutus personaliter magnifica et nobilis mulier Isoarda de Rocafolio domina de Ansoysio...
"...Et pro castro de Bulcodinis tribus partibus..."
Hommage de noble Isoarde de Roquefeuil.
Au nom de notre Seigneur Jhu Xpi, amen. L'année de la même incarnation 86, le 20 juin 9 ind. sous le règne de notre prince très serein, notre seigneur le roi Louis, par la grâce de Dieu Jerusalem et Sicile, duc d'Apulie et d'Anjou, des comtés de Provence et de Forcalquerius, de Cénomanie, comte de Roncia et de Piémont, dans la seconde année de son règne (1). Amen. De la teneur de cette publication est accessible à tous, présents et futurs, la magnifique et célèbre femme Isoarde de Roquefeuil dame d'Ansouis...
...et pour trois parties du château de Belcodène...
(1) Louis 1er d'Anjou, comte de Provence, était mort le 20 septembre 1384 ; le 20 juin 1386 était donc bien dans la deuxième année du règne de son fils et successeur, Louis II. AD13. B767. Page 77/112.
Elzéar de Sabran.
Leur fils, Elzéar de Sabran, né vers 1370, épousa vers 1389 Baucette de Blacas, fille d'Albert, seigneur d'Aups
et de Marguerite des Baux, dame de Beaudinar et d'Eyguière.
Il prêta hommage au comte de Provence en 1386 et 1399 pour Ansouis, Cadenet, la Motte-d'Aygues et Peypin, puis en 1432 pour Puyloubier,
qu'il vendit à Jean Martin.
Henry de gérin-Ricard place Elzéar de Sabran, dans la liste des seigneurs de Belcodène, mais aucun document n'est venu confirmer ce fait.
Catherine de Roquefeuil.
Le 4 décembre 1410, Catherine de Roquefeuil, épouse de Raymond-Bérenger, seigneur de Peyruis, sœur et héritière de Jacques de Roquefeuil, prêta hommage à Louis II pour le château et pour le fief, ainsi que pour une maison qu'elle possédait à Fuveau en franc-alleu.
Henry de Briequem.
On trouve dans deux documents datés l'un du 10 mai 1416, l'autre du 25 avril 1418, un Henry de Briequem, ou Henri Bricque, désigné comme seigneur de Belcodène.
Ce dernier est qualifié, dans un autre document peut-être plus ancien, de "vicaire in temporalibus du diocèse d'Aix, et gouverneur de Peyrolles".
Arrentement passé par le Chapitre à Henry de Briequem, seigneur de Belcodène, et Me Geoffroy Magenq, notaire, de la seigneurie de Jouques et de l'affar de la Palière avec tous leurs droits, terres et dépendances, pour 2 ans, moyennant 400 florins, et de la seigneurie de Peyrolles avec toutes ses appartenances et revenus en faveur du dit seigneur de Belcodène seul, pour la même durée et la somme de 70 florins AD 13 : 2 G 1-2750 - Fonds du chapitre Saint-Sauveur d'Aix
Procuration passée par Pierre de Fuveau, d'Ansouis, coseigneur de Fuveau à Henri Bricque, seigneur de Belcodène et également coseigneur de Fuveau... AD 13 : 8 E 1-48 - Seigneurie de Fuveau et famille d'Hupais (Archives familiales, volume 1)
La famille de Sabran-Forcalquier.
On ne sait pas comment la seigneurie de Belcodène est passée de la famille de Sabran à Henry de *Briequem, pour ensuite y revenir dans une autre branche. Toujours est-il que l'on retrouve :
Gaucher de Sabran-Forcalquier.
Gaucher de Sabran-Forcalquier, (Gaucherius de Forcalquerio), évêque de Gap, depuis 1442, et Baron de Cereste ; figure comme seigneur de Belcodène dans deux actes, le premier daté du 20 janvier 1481, l'autre daté du 10 juin 1484.Il était fils de Raymond et d'Angélique de Brancas et arrière-petit-fils de Guillaume de Sabran, qui fut comte souverain de Provence vers 1220. Dans l'acte de 1484, il se fait représenter par son neveu et procureur Georges, évêque de Castellane et seigneur de Montmeillan. Nous savons encore qu'il fit le dénombrement de sa terre de Belcodène les 20 octobre 1480 et 21 décembre 1482. Gauchier de Sabran laissa ce fief et celui de Cereste à son neveu à la mode de Bretagne :
La famille de Brancas.
Gauchier II de Brancas.
Gauchier II de Brancas qui porta lui même les titres de chambellan du roi Louis XII, de seigneur d'Apt, d'Oise, de Beaumont, de Tailhades etc. ; il reçut une reconnaissance pour Belcodène en 1515 et testa en 1545, laissant d'Isabelle de Montauban, qu'il avait épousé en 1501 :
Gaspard de Brancas.
Gaspard de Brancas, baron de Cereste, etc. marié en 1534 à Françoise d'Ancenuze-Caderousse, d'où :
Jean de Brancas.
Jean de Brancas, (Jehan de Brancassys), baron de Cereste, Vitrolles, Villeneuve, etc. Comme seigneur de Belcodène, il se fit représenter par Aymon de Brancas, seigneur d'Oise, dans une reconnaissance reçue par le notaire Pierre Dollon, le 27 mars 1550 : Jean servit dans les armées et se distingua notamment au siège de Vinon, à la suite duquel Henri IV lui fit présent de son épée. De son union contractée en 1563 avec Camille de Grimaldi, des prionces d'Antibes et de Monaco, il laissa :
Henri de Brancas.
Henri de Brancas, baron de Cereste, marié à Renée d'Oraison-Boulbon en 1603.
C'est le 29 janvier 1607 que Henri de Brancas vendit ses terres de Belcodène à Antoine Hermitte :
La famille d'Hermitte.
La chevalerie avait fait son temps et cédait à prix d'argent ses terres familiales à des bourgeois, de récents anoblis, des familles de robe ou des négociants heureux dans leur commerce avec le Levant. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les mutations de ce genre furent nombreuses dans les environs de Marseille. Peypin et la Destrousse étaient aux de Cassin (famille consulaire de Marseille), Saint-Savournin aux Cypriani (négociants), Fuveau aux de Mathieu (négociants et magistrats), etc. Ces nouveaux seigneurs considéraient leurs fiefs non seulement comme terre de rapport, mais ils en jouissaient aussi comme campagne d'agrément et y séjournaient quelques mois de l'été.
Antoine d'Hermitte.
Antoine d'Hermitte porte dans les actes le titre modeste d'écuyer de la ville de Marseille ; il était fils de François, qui fut consul de Marseille en 1541 et 1561, et de Jeanne Matheï, de Pertuis ; les manants de Belcodène passèrent reconnaissance en sa faveur, le 7 septembre 1603, et nous le trouvons cité dans divers actes notariés de 1611 et du 27 septembre 1614 .
Ce seigneur avait été dans sa jeunesse gouverneur du château de Cassis, où il commandait en 1589 une garnison d'infanterie levée par lui sur ordre du gouverneur de Provence, M. de la Valette.
C'est lui qui commença à se constituer un petit domaine sur le territoire de Belcodène.
Ce domaine fut réalisé grace à plusieurs achats :
Le 22 décembre 1589, il achète "des immeubles" aux sieurs Balthazar et Claude Bassac, deux frères habitant Marseille (notaire Michel Barbontou (?) à Marseille).
Le 22 août 1606, il achète d'autres immeubles à Marguerite Vidalle, fille à feu Jehan (notaire Baladenue à Marseille).
Le 29 janvier 1607, il achète à Henri de Brancas de Forcalquier (voir ci-dessus) "la terre, place et seigneurie de Belcodenne (Notaire Jean Balduoin à Marseille).
Quelques mois plus tard, le roi Henri IV, lui fait don des droits de lods et d'arrière lods, "en considération de son service".
Hensi, par la grace de dieu roi de France et de Navarre, comte de Provence, Forcalquier et terres adjacentes. A nos amis et féaulx, conseiller les gens de nos comptes aides et finances audit pais, savoir faisons que nous desirant reconnaître sa bonne et agréable ? que nous avons reçu de notre cher et bien aimé Anthoine d'Hermite de notre ville de Marseille, tant pendant les troubles ? advenus en notre royaume qui a depuis en plusieurs occasions qui se sont présentées pour le bien de notre service... AD13, Cote B 83. Page 452-455/756. Voir le texte intégral de ce document.
Toujours en la même année 1607, il rendit hommage au roi pour le lieu, terroir et juridiction de Belcodène.
Homage de Anthoine d'Hermite, escuyer de
Marseille, pour la terre et seigneurie du lieu de Belcodene.
L'an mil six cent sept, et le quinzième jour du mois de novembre, dans la chambre du conseil de la chambre des compte, cour des aides et finances de Provence, ou messieurs étaient Assemblés pour traiter des affaires du Roy et de la justice, Anthoine d'Hermite, écuyer de Marseille, a fait hommage au Roy notre sire, comte de Provence et a ses successeurs audit comté et prête le serment de fidélité...
AD13, Cote B 793. Page 111/278. Voir le texte intégral de ce document.
Enfin, le 19 octobre 1613, il achète des immeubles à noble Blaise Doria de Marseille (NotaireJean Balduoin à Marseille).
C'est très probablement lui qui fit construire le Château sur ces terres nouvellement acquises.
On note chez les notaires de Marseille, Etude Boretti, Morel Féraud en 1602-1603 : "Antoine d'Hermite construit à Belcodène..." (360 E 39,F° 223)
Charles d'Hermitte.
Charles d'Hermitte (fils du précédent et de Françoise de Gérenton), que nous trouvons qualifié seigneur de Belcodène de 1622 à 1670. Il vivait encore en 1688 , mais avait remis son fief dès 1670 à son fils qui suit et qui naquit de son union avec Françoise Vento de la Baume. En 1624, Charles d'Hermitte avait des comptoirs à Alep et dans d'autres Echelles du Levant.
Nicolas d'Hermitte.
Nicolas d'Hermitte est signalé comme seigneur de Belcodène dans un acte de reconnaissance, daté du 6 août 1670 ; il était en possession du titre de coseigneur de Fuveau depuis 1654, époque à laquelle il avait épousé Anne Marguerite de Montolieu, dame en partie de Fuveau, dont le territoire est limitrophe de celui de Belcodène.
Dans son contrat de mariage, il prend la qualité de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. En 1703 il habitait Auriol. Anne Marguerite décède le 27 Août 1716. Nicolas y mourut en 1721. Peu de temps avant sa mort, il avait prêté hommage au roi pour ses deux seigneuries dont il avait déjà fait le dénombrement le 28 janvier 1702 .
Avec Nicolas s'éteignirent les d'Hermitte de Belcodène.
La famille Fortia de Pilles.
Anne Marguerite Fortia de Piles.
Anne Marguerite Fortia de Piles, marquise d'Olières, de la maison des ducs d'Urban, nièce de Nicolas d'Hermitte, hérita des seigneuries de Belcodène et de Fuveau suivant le testament de ce dernier du 21 mars 1721 (notaire Maure); elle était épouse libre et en ses biens de noble messire Gaspard d'Agoult, chevalier, marquis d'Olières, qu'elle avait épousé par contrat du 18 octobre 1713 (notaire Reynier) et dont elle était veuve en 1725.
Elle fait le dénombrement de ses biens à Fuveau et Belcodène le 10 juillet 1728 :
La terre de Belcoadre appartient à la dite dame de Fortia de Pilles en qualité d'héritière dudit feu M. d'Hermitte. Il en a la justice haute, moyenne et bassz, il a la banque universelle de tous les fruits qui se perçoivent, le droit est un dizain ce qui rend quatre vingt livres, seulement attendu que ledit feu d'Hermitte avait acquis la plupart des biens qui produisaient un plus grand revenu. Elle a encore et possède une bastide appelée la Galère noble, et qui ne paye point de taille, du revenu de de cinquante charges de blé de rente, qu'il y a des capitaux considérables, elle a la directe universelle et droit de rétention sur tout les biens qui sont dans cette terre. C'est là le véritable dénombrement de tous les biens nobles et droits que possède la dame de Belcoadre.
Fait à Marseille le dixième juillet mil sept cent vingt huit. Signé Fortia d'Agoult. AD13. B 804. Page 206/316. Voir le texte intégral de ce document.
On retrouve son nom comme propriétaire de Belcodène dans les états d'afflorinement de 1747. Elle mourut à Auriol le 22 avril 1767, à l'âge de 85 ans, laissant ses fiefs à son gendre, Jean Baptiste de Cabre-Roquevaire qui suit.
La famille De Cabre.
Jean-Baptiste de Cabre-Roquevaire.
Jean-Baptiste de Cabre-Roquevaire est né le 16 août 1703 à Roquevaire, fils de messire Pierre de Cabre, chevalier, de Roquevaire et de Dame Gabrielle de Gautier de Lamotte, de Marseille.
Contrairement à ce qui a parfois été dit, il ne fut pas seigneur de Belcodène, mais le 21 septembre 1745, en épousant,
à Auriol, Anne Geneviève Bonne d'AGOULT d'OLLIÈRES, Marquise d'Ollières, fille des précédents, il ouvre la voie de la seigneurie de
Belcodène à son fils François-Marie-Jean-Baptiste.
Il décède à La Pomme, le 24 novembre 1774, à l'âge de 71 ans,
François-Marie-Jean-Baptiste de Cabre-Roquevaire.
C'est donc son fils François-Marie-Jean-Baptiste qui devint seigneur de Belcodène en qualité d'héritier
testamentaire de sa grand-mère, dame Anne Marguerite de Fortia de Pilles, aumoment de son décès (1767).
Né le 7 novenbre 1746, il épousera Anne-Reine-Nicole Le Camus, fille du seigneur de Peypin, vers 1768, dont il eût Jean Baptiste Charles Auguste Emile,
qui suit.
En mai 1768, le roi Louis XV le nomme conseiller du Roy au parlement de provence à Aix, en remplacement de André Elzeard D'Arbaud. N'étant alors âgé que de 21 ans, il bénéficia d'une dispense d'âge.
En 1790, il épouse en seconde noce Marie-Anne Massel.
Il s'éteindra le 13 ventôse an VII (3 mars 1799), quai de la Baleine, à Lyon "dans l'obscurité et la plus grande misère". Ce fut le
dernier seigneur de Belcodène.
Note :
A partir d'ici, on ne parle plus de "seigneurs" mais simplement de grands propriétaires !
Marie-Anne Massel.
Après le décès de François-Marie-Jean-Baptiste de Cabre, c'est sa veuve, Marie-Anne Massel, qui rentra en possession, au moment de la Restauration, de ses biens puisqu'elle
agissait alors comme tutrice de ses enfants mineurs.
Jean Baptiste Marie Emile.
Le partage de la succession fut fait en 1812, et c'est Jean-Baptiste qui reçut Belcodène, ce qui ne représentait pas moins de 300 hectares
de superficie. Il fut le dernier mâle de sa race.
Le 6 août 1829, il achète, à Jean Henry, le domaine du Grand Lot, pour la somme de 19000 francs.
Gérin-Ricard dit que Jean Baptiste de Cabre "gardera les terres jusqu'en 1847". Il a tort.
En réalité, ses terrains de Belcodène (ainsi que des maisons sises à Aix) seront mis en vente dès le mois de Juin 1838, comme le montre cette annonce, parue le 9 juin 1838 dans "Le Mémorial d'Aix".
Pourquoi avoir vendu ces terres ?
Je pense que l'on peut, sans trop de risque, envisager la réponse suivante :
Au début de l'année 1837, un banquier d'Aix, Noël Augustin François Loubon aîné, décida de créer une société en commandite, dans
le but de "faire de la banque", avec lui-même et des souscripteurs comme commanditaires d'actions de 20.000 francs, jusqu'à concurence
d'un million de Francs. L'activité de cette société démarra le premier août 1837.
Mais le sieur Loubon avait un gros défaut qui était de jouer à la loterie, tant en france qu'à l'étranger. Il y dépensa des sommes très importantes
et dût sans doute "piocher" dans la caisse de sa société. A tel point que la société fut déclarée en faillite le 12 septembre 1838, et que
le banquier Loubon fut obligé de fuir en Suisse où il fut ensuite arrêté et rammenè en france pour y être jugé.
Je ne sais pas quel rôle joua Jean Baptiste de Cabre dans cette affaire... Mais il y a sans doute perdu de l'argent car on peut lire dans un document notarié "M.M. les Syndics de la faillite Loubon, créanciers de M. de Cabre..."
Ce qui est sûr, c'est que, "par acte du 24 octobre 1838, reçu par Me Aude, notaire à Aix, enregistré et transcrite au bureau des hypothèques d'Aix le vingt six dit du mois volume 384, n° 15, et au bureau des hypothèques de Marseille le trois novembre suivant, volume 549 n° 4, M. Jean Baptiste Marie Émile, marquis de Cabre, domicilié et demeurant en cette ville d'Aix, a vendu à M. Pierre François Blachet, notaire Royal à la résidence d'Aix, y domicilié et demeurant, [des immeubles et les terres de Belcodène] au prix de 180.000 francs dont 87.906 francs et 40 centimes, indiqués en faveur des divers créanciers".
Jean Baptiste Marie Emile de Cabre décéde à Marseille, le 4 août 1843 !
Pierre François BLACHET.
Pourquoi avoir vendu ces terres au notaire Blanchet ?
Peut-être dans l'espoir de solutionner, rapidement mais temporairement, ses problèmes financiers. On peut en effet lire dans l'acte de
vente que "M. de Cabre et ses héritiers auraient le droit et la faculté de reprendre et racheter les dits immeubles jusque au premier
juin 1848...".
Il fut ensuite convenu que "le 12 mai 1840 la terre de Belcodenne et les maisons sises à Aix rue de la Masse et rue de Courteissade,
seraient exposées aux enchères par devant le dit Me Aude". Ce qui fut fait.
Cet ensemble de terres, comprend l'Auberge de La Pomme et les "ménages" de :
L'ensemble représente 983 hectares 43 ares et 55 centiares, soit pratiquement les 4/5 de la superficie de Belcodène aujourd'hui (1297 hectares)!
Me Blanchet fut-il vraiment propriétaire des terrais de Belcodène ou n'était-t'il qu'un prête nom pour JBME de Cabre ?
Il ne dût sans doute pas vraiment agir comme un vrai propriétaire, car on peut lire dans les délibérations du Conseil Municipal, Séance du 7 février 1841, au sujet d'une affaire l'opposant à François Collomb (pour une histoire d'âne que ce dernier avait mis à paître sur ses terres): "M. Blanchet, se disant propriétaire de la terre de Monsieur de Cabre, sise dans la commune de Belcodène".
M. de Cabre n'ayant pas pu racheter ces terres, Me Blanchet les remit une première fois en vente aux enchères le 12 mai 1840. Enfin, M. de Cabre ayant renoncé, par acte du 28 juin 1842, à son droit de rachat, Me Blachet les remit une dernière fois en vente le 6 septembre 1842.
Seytres-Caumont.
Gérin-Ricard avait écrit que l'ancien domaine seigneurial de Belcodène fut acquis "vers 1850" par la duchesse
Pauline de Seytres-Caumont.
C'est en réalité en 1842 qu'elle achète le domaine à Maître Blachet, à l'occasion de la susdite
vente aux enchères dont voici un résumé du déroulement :
Les enchères.
Les lots furent tout d'abord proposés individuellement :
Ces 6 lots furent ensuite réunis en un seul, mis à prix de 141.200 francs.
M. Pierre Denis Prosper Fabry "agissant pour le compte d'amis" fit une offre de 142.000 francs. MM Boyer, père et fils, 144.000 francs. M. Joseph
Jean François Boyer, d'Aix, 147.000 francs. Sur quoi, Me Blachet fit lui même une enchère à 180.000 francs. M. Fabry 197.000 francs. Me
Blachet 199.000 francs. M. Fabry fit alors une enchère de 200.000 francs qui dût satisfaire Me Blachet qui s'en contenta.
Trois bougies s'étant successivement éteintes, sans que personne ait couvert cette offre, le sieur Fabry fut désigné adjudicataire des 6
lots composant la terre de Belcodène au prix de 200.000 francs.
Le même jour, M. Fabry déclara devant notaire avoir agi pour le compte de Madame Pauline Bruny de la Tout d'Aigues.
= L'an mil huit cent quarante deux et le six septembre, à deux heures après midi
= Par devant Antoine François Aude, notaire royal à la résidence de cette ville d'Aix (Bouches du Rhône) maire de la dite ville, officier de la légion d'Honneur, et son collègue, notaire à la même résidence de cette ville d'Aix, exerçant l'un et l'autre dans tout le repport de la Cour Royale séant au dit Aix.
= A comparu M. Pierre Denis Prosper Fabry, ancien conseiller à la Cour Royale d'Aix, demeurant et domicilié au dit Aix, lequel nous a dit qu'il comparaissait par devant nous pour déclarer comme pour le fait, et déclare que l'adjuducation qu'il a rapportée ce jourd'hui par devant nous notaire, des six lots formant la terre de Belcodenne, situés dans le terroir de ce nom, département des Bouches du Rhône, canton de Roquevaire près Marseille composés de l'auberge et ferme dite de la Pomme, du Château, de Reymorenc, de la Galère, de l'Albinot et du Grand Lot, au prix de deux cent mille francs et aux clauses et conditions portées au cahier des charges en date du vingt un juillet mil huit cent quarante deux, enregistré à Aix le dix sept août dernier, annexé à l'acte de dépôt, dressé par Me Aude l'un de nous notaires, en date du douze août aussi dernier, pour servir à la vente des immeubles appartenant à Me Pierre François Blachet, notaire à Aix, et ayant appartenus à M. Jean Baptiste Marie Emile Marquis de Cabre demeurant à Aix, l'avait été par lui pour le compte de Madame Pauline Bruny de la Tout d'Aigues, veuve de M. le duc Amable Victor Joseph François de Paule Seytres de Caumont, demeurant à Aix, ici présente et acceptant la dite déclaration de commande.
= De quoi le dit M. Fabry nous a requis acte concédé fait et passé, au dit Aix, en l'étude et aux minutes de Me Aude, l'un des notaires, qui a signé le présent acte avec son collègue etr le dit M. Fabry, après lecture faite. Signés Fabry, Bruny Seytres Caumont, Pontier notaire et Aude notaire. AD 13 : "Adjudication en faveur de Madme Pauline Bruny de la Tour d'Aigues Vve de Mr le Duc de Caumont". Bureau des Hypothèques, Marseille ancien bureau, Registre 636, Article 27.
Pauline de Seytres-Caumont.
Pauline est la fille de Jean Baptiste Jérôme de Bruny, baron de la Tour d'Aigues, président au parlement de Provence, et de Julie
Joseph de Venant d'Iverny. Ellle est née à Aix-en-Provence le 9 août 1767.
Le 13 août 1796, âgée de 29 ans, elle épouse Amable Victor Joseph François de Paule de Seytres, Marquis de Caumont, et devient ainsi
Marquise de Seytres-Caumont.
Le 9 mars 1841 son mari meurt, la laissant veuve sans enfants.
Elle décède à Aix, le 4 novembre 1850, à l'âge de 83 ans.
N'ayant pas eu d'enfants, elle laisse pour légataire universel son cousin Louis-Charles Jules de Bruny de Châteaubrun, de Paris (déclaration de succession du 23 juin 1852). Il hérite de ses biens à Belcodène, d'un revenu de 6000 francs.
Louis-Charles Jules de Bruny Châteaubrun.
Il semblerait que cette succession ne se fit pas sans problème.
On n'a que peu d'infos sur ce personnage qui a sans doute dû mettre ces terres en vente à divers propriétaires car au moment de son décès, le 24 juillet 1858, il institua pour son légataire universel un jeune Jules charles Lemercier de Maisoncelle de Richemond, et aucune des terres de Belcodène ne semble se trouver dans cette succession...
Et ensuite ?
Bien que vaste, le domaine acquis par Pauline de Bruny ne couvrait pas tout le territoire de Belcodène. Il y avait donc déjà de nombreux propriétaires de petits terrains que l'on retrouve, depuis 1841, dans les listes nominales des divers recensements.
Ces listes sont consultables sur le site des Archives départementales.