Belcodène, comme plusieurs communes environnantes (Valdonne, Peynier, Fuveau..), combinait, au XIXème siècle, à son activité minière, celle de la fabrication du ciment.
Il se trouvait en effet, disponible sur son territoire, les deux ingrédients utiles à cette industrie :
- Le charbon.
- Le calcaire.
On ne sait que peu de choses sur l'établissement et l'activité de ces fours :

• Déjà, le 3 janvier 1603, Anthoine d'Hermite, établit un "priffait" (sorte de devis servant d'engagement) avec 3 "maîtres chaussiniers" de Marseille : messieurs Anthoine Cabasson, Mathieu Fissot et Jean Michel, pour "faire et cuyre un four de chaux " dans sa proriété de Belcodène, acquise de Balthezar et Claude Bassac de Fuveau.
  Il s'agit sans doute là de faire un four temporaire, et de produire une certaine quantité de chaux pour les besoins de Nicolas d'hermite.

"Priffait pour Anthoine dhermite contre Cabasson, fissot & michel, chaussiniers."
(Archives départementales des B.-du-Rh. 360 E 39, F° 223)

• Le 29 août 1852, Jean Joseph Aubert reçoit l'autorisation d'établir deux fours à chaux permanents dans la propriété du sieur Boyer, située au quartier de la plaine d'hermitte, terroir de Belcodène.
• Le 23 décembre 1856, Jean Hyppolite Collomb reçoit l'autorisation d'établir un four à chaux permanent dans sa propriété , située au quartier du puits de Buisson, terroir de Belcodène.
• Le 15 décembre 1866, Marius Etienne Négrel reçoit l'autorisation d'établir deux four à chaux dans la propriété du sieur Gérin-Ricard, sise au quartier du vallon du cerisier, Commune de Belcodène.
• Le 27 avril 1867, Pierre Florentin Guis reçoit l'autorisation d'établir trois fours à ciment dans la propriété des sieurs Boyer frères, sise au quartier de la Galère, commune de Belcodène.

(Archives départementales des B.-du-Rh. 141 E D6)

Dans son "Dictionnaire des Villes, Villages et Hameaux des Bouches du Rhône" de 1873, Alfred Saurel, indique :
"Il y a dans la commune même onze fours et quatre fabriques de ciment".
L'Encyclopédie des Bouches du Rhône nous signale ensuite, que six carrières à ciment occupaient 48 hommes en 1889, et qu'il n'en restait que deux en 1911, qui n'avaient plus que 15 à 20 ouvriers.

Un four, sur le bord de la RN 96.

On peut s'imaginer le dur travail que représentait cette fabrication, en lisant ce que disait Marius Bernard au sujet des fours voisins de Valdonne :

... "Sur la route... s'adosse à la colline une sorte de maison sans fenêtres, mais percée de trois portes et couronnée d'une terrasse sur laquelle semblent, comme sur un temple assyrien, fumer trois vastes cassolettes. C'est un four à ciment. Il est cloisonné en trois compartiments qu'une voûte divise en deux parties : la partie supérieure s'ouvre sur la terrasse par le trou de charge et, par le trou de décharge, sur l'inférieure qui, à son tour s'ouvre au dehors.
Et, travail de damnés, asphyxiés par la fumée, brûlés par le soleil, rôtis par le brasier sui ronfle sous leurs pieds, des hommes de feu, debout sur sa plate-forme, alimentent ces puits d'enfer de cailloux et de charbons mêlés, tandis que, sous la voûte, d'autres en retirent les scories et les pierres calcinées qui, broyées ailleurs sous la meule, devienent le ciment..." Marius Bernard. "Autour de la Méditerranée" (Paris 1896)

Un four à simple chambre, à la sortie de Belcodène, sur la route de Fuveau.

Un autre four, sur la RN 96 :

Vue générale du Four

Vue des Bouches

Bouche de Sortie.

Trou de Charge.