Belcodène - Une Bergerie en ruines.

La Bergerie

Il existe sur le territoire de Belcodène un vestige du passé qui reste encore une énigme car, n'ayant jamais réussi à trouver le moindre renseignement, j'en suis réduit à échafauder des hypothèses personnelles.
Il s'agit d'une ruine, située dans la Plaine de Beaumont, à l'extrémité nord du Ravin des Arques, et qui apparaît déja sur le cadastre napoléonien comme "bergerie en ruine".

Voyons ce qu'il en reste aujourd'hui :

L'habitation proprement dite, était composée d'un bâtiment en " L ", (n°1 sur le plan) dont les dimensions sont d'environs 16 x 22 mètres. Les murs font 80 centimètres d'épaisseur. Elle devait comprendre trois pièces dont on peut encore voir les limites. On distingue encore une petite ouverture, dans le mur ouest, qui devait servir de fenêtre, l'entrée devant sans aucun doute se faire, à l'abri, dans l'angle intérieur du " L ". Il reste de ces murs un pan d'environ 2 mètres de haut dans l'angle nord-ouest, tout le reste étant rabattu à environ un mètre, parfois moins.

Un mur (n°2 sur le plan), qui semble dater de la même époque que ce bâtiment, se trouve à environ 48 mètres à l'ouest. Il est parallèle au mur ouest de la bergerie et devait marquer l'une des limites de la propriété.

Il n'y a, comme je vous le signalais plus haut, aucun document permettant de dater ces ruines. Toutefois, il me paraît qu' elles pourraient dater de la même époque que le Castellas, c'est à dire vers le XIème ou XIIème siècle. L'épaisseur des murs est sensiblement la même, ainsi que le mode de construction, et, si l'on compare avec le dessin réalisé par l'abbé Bargès des restes de murs du Castellas, on peut imaginer que, sans la destruction qu'ils ont subit vers 1900, ils seraient aujourd'hui sensiblement dans le même état que ceux de cette bergerie.

Et puis d'abord, était-ce bien une bergerie ? Ou, plutôt, est-ce que ça a toujours été une bergerie ? La question mérite d'être posée. Il me semble en effet qu'il pourrait s'agir plus simplement d'une petite ferme. Elle comporte encore des vers l'ouest trois restanques (n°3 sur le plan), qui, bien qu'ayant un air plus " moderne " que le reste de la construction, ont bien pu être restaurée quelques siècles plus tard. Il faut aussi prendre en compte le fait que cette habitation se trouvait juste en bordure de la route principale qui reliait Marseille à Trets et qui était l'ancienne route romaine. L'hypothèse d'un " relais " peut également être envisagée.


La Pierre Taillée

Une autre curiosité, qui elle aussi me fait dater l'ensemble du moyen âge, est une pierre (n°4 sur le plan) taillée en forme de parallélépipède de 45 x 57 centimètres de section, placée tout près du ravin des Arques.

Cette pierre manifestement taillée par la main de l'homme, possède sur son arête supérieure nord, deux encoches triangulaires ouvertes de 10 centimètres de large. Ces entailles semblent destinées à laisser le passage à des cordes, des lanières ou tout autre système d'accrochage.

A l'est de cette pierre, on trouve une grande dépression de terrain qui marque le début du ravin dit " des Arques " (n°5 sur le plan). Il ne fait aucun doute qu'il s'agit de l'emplacement de la source du ruisseau qui devait couler dans ce ravin avant que les travaux d'écoulement des eaux des mines de charboon ne viennent le tarir. Mais les sources, en Provence, ne font généralement pas de creux aussi importants, aussi on peut facilement imaginer que ces agrandissements ont été réalisés par les occupants de cette maison, pour créer une réserve d'eau destinée, entre autres, à servir d'abreuvoir aux chevaux et aux autres animaux. La quantité de pierres que l'on trouve encore à la sortie de cette réserve, à l'entrée du vallon (n°6 sur le plan), devait, à cette époque former un barrage de retenue. La pierre taillée se trouvant justement à la hauteur de ce barrage possible, servait-elle a fixer un mécanisme de régulation ? Il est, en l'état actuel des connaissances relatives à cette " bergerie " impossible de la savoir.



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