Jean Joseph Leandre Bargès

Portrait.


L'abbé J.J.L. Bargès.

Sa vie.

C'est le 27 février 1810, que naît Jean-Joseph-Léandre Bargès, dans le village d'Auriol. Dans une population profondément chrétienne, la famille Bargès, l'une des plus anciennes et des plus vénérables du pays, jouissait d'une grande considération. Ses parents, étaient Jean-Pierre Bargès, né le 20 octobre 1779, et Marie-Virginie Estienne qu'il épousa en 1798. La faiblesse de la santé de l'enfant et la délicatesse de son tempérament ne permirent de l'envoyer à l'école que vers l'âge de sept ans. En grandissant, il manifesta un goût de plus en plus prononcé pour les choses de l'Eglise. Les bonnes dispositions de son fils réjouirent la pieuse Marie-Virginie : son ambition fut, dès lors, de le voir revêtu des livrées de l'enfant de ch?ur. M. Bringuier, curé de la paroisse, voulut bien agréer l'humble requête de l'enfant et de la mère : la faveur fut accordée. Puis M. l'abbé Chieusse, vicaire de la paroisse, lui donna ses premières leçons de latin. Après son départ, en 1820, ce fut au tour de M. l'abbé Brunet de continuer cette éducation. Très rapidement, tout en suivant les classes de l'école communale, il fit des progrès sérieux dans l'étude du latin.
En 1821, il fait sa Première communion, et témoigne à ses parents le désir d'entrer au petit séminaire. En 1821, il entre l'école presbytérale de Saint-Barnabé dont M. Audric était le curé, et ne tarde pas à se faire remarquer par son application au travail. En 1823, il fut du nombre des heureux élus qui furent admis à revêtir l'habit ecclésiastique. L'année suivante il était honoré de la tonsure.
Le 18 octobre 1826, J.J.L.Bargès, alors âgé de 16 ans, entre au Grand Séminaire situé sur la paroisse de Saint-Just, dans la banlieue de Marseille. Mais en décembre, victime d'un accident lors de jeux avec ses camarades, il dût aller prendre du repos dans la maison familiale, et renoncer provisoirement le Grand Séminaire. Il alla passer quelque mois au collège communal de Barjols, dirigé par M. Cabane, son ancien professeur de rhétorique de Saint-Barnabé. Il n'y resta qu'entre mars et septembre 1827 car il eût, le 18 octobre 1827, l'occasion de retourner au Grand Séminaire qui avait été déménagé en ville, derrière la cathédrale. En 1828 il devient élève en théologie. Il poursuit ces études sans interruption et avec succès jusque en juin 1831. Le 17 mars 1832, l'abbé J.J.L. Bargès est ordonné sous-diacre. Son père lui donne alors, comme titre clérical, une rente annuelle de 100 francs, hypothéquée sur une portion de terre dite " de la Bouilladisse " (Me Gastaud notaire à Auriol). Il rentra au Petit Séminaire, en qualité de professeur de cinquième. Ses devoirs de professorat lui laissant d'assez nombreux loisirs, il conçut bien vite le projet de développer ses connaissances linguistiques. Il se mit à l'étude de l'arabe et perfectionna sa possession de l'hébreu.
En 1833, il est ordonné diacre. Il retourne au Grand Séminaire pour compléter ses études de théologie par un cours de Pastorale. Après cela, le 22 février 1834, Jean-Joseph-Léandre Bargès est ordonné prêtre, et le lendemain, dit sa première messe dans la chapelle du Grand-Séminaire. Il est ensuite nommé à la vicairie de Notre-Dame-du-Mont (Marseille). Il y avait sur cette paroisse plusieurs familles levantines qui eurent plaisir à recevoir le nouveau vicaire qui parlait si bien leur langue. Pour lui c'était de nouvelles occasions de parfaire sa connaissance des langues orientales. Le 1er Décembre 1834, il est nommé membre de la Société Asiatique de Paris. Mais cette tendance ne tarda pas à lui valoir quelques manifestations hostiles. Des plaintes furent émises et le jeune abbé fut relevé de ses fonctions six mois seulement après son arrivée. L'administration le renvoya au Petit Séminaire reprendre son ancien poste de professeur, mais de la classe de quatrième cette fois. Le 23 avril 1835, l'abbé se présente pour le baccalauréat ès-lettres et le réussit. A cause de divergence de vue avec son supérieur, il démissionne de son poste de professeur. Son titre de bachelier ès-lettres lui en conférant le droit, il donna des leçons particulières de grec et de latin. Il entra, en 1835, comme précepteur dans la famille d'un notaire de Marseille, M. Roubaud, puis en 1836 , dans la famille de Surian, puis chez Mme Fagliardy, aux Eygalades
En 1837, il rentre à la chaire d'arabe de Marseille en qualité de suppléant, chargé de l'enseignement. Quelques mois plus tard, il est appelé à occuper un siège à l'Académie de Marseille. Ses connaissances des langues, lui ouvrent bientôt une nouvelle porte : En 1842, il se voit confier la chaire d'hébreu à la Faculté de Théologie de Paris (la Sorbonne). Il quitte donc sa Provence natale pour rejoindre la capitale.
En 1854 il se présente au doctorat et le réussit. Le titre de sa thèse était : De ceux à qui le Christ à dit : " Prêchez l'évangile à toute créature ". Il gardera cette chaire jusqu'en 1885, année de la fermeture de la Sorbonne par la Chambre des députés.
Il décéde à Auriol le 1er avril 1896, à l'âge de 86 ans.


La tombe de J.J.L. Bargès à Auriol.

Distinctions Honorifiques.

L'abbé Bargès reçut de nombreuses distinctions Honorifiques :

La reconnaissance de son travail.

De nombreux scientifiques ont loué les travaux de l'abbé Bargès. Ecoutons simplement, a titre de conclusion, ce qu'en dit Henri de Gérin-Ricard dont les travaux sur Belcodène se baseront sur les premières recherches de l'abbé :

" ... Il a été le chef d'une école (formée de MM de Saulcy, de l'Institut, Blancard, Gilles et d'autres) qui a soutenu longtemps avec succès l'origine phénicienne de Marseille?. Il a contribué puissamment, par ses hautes relations scientifiques, à faire connaître et étudier le trésor d'Auriol qui comprends des monnaies du VIe siècle avant J.-C., originaires des colonies grecques de l'Asie Mineure et de l'Archipel. ce sont les plus antiques monnaies découvertes en Gaule. Il a fait de bon livres et notament : Les autels chrétiens et les inscriptions arabes de Marseille Il a, par de nombreuses publications, luxueusement éditées à grand frais et par ses propres moyens (Notice sur Belcodène notamment), appelé l'attention de spécialistes sur des antiquités presque ignorées. Depuis, on s'est contenté de rectifier Bargès, mais nul ne l'avait devancé sur ce terrain d'investigations. Là, Bargès fut un pionnier?. "


Source :

Résumé d'après : " Une Illustration du XIXe siècle - J.J.L. BARGES " de P. Thomas ( Jean-Baptiste Sapy, en religion : Père Thomas de Saint-Etienne) - Librairie Séraphique, Bourg-de-Péage, 1905. (In-8°, 540 p).



© M.D. 2018 ©