Contexte conjugal
Angèle Thomas Marie BOSIO, est née le 10 septembre 1861 à Marseille.
Henri Joseph ROCHE est né le 12 juin 1868 à Fuveau.
Ils se sont mariés, à Marseille le 30 avril 1896.
Les aïeuls Roche, de durs et probes cultivateurs, avaient amassé, à force d'économies et de travail, les riches terres au milieu desquelles
s'érigait une belle ferme flanquée de deux dépendances.
Henri hérita de tout, mais paresseux et buveur il ne tarda pas à dissiper tout son avoir malgré les sages conseils de son épouse.
Un jour, Roche dût vendre ses terres, ce qui eût effet de désunir le couple.
A tel point que fin 1900, Angèle forma une demande en séparation de biens à l'encontre de son mari.
Des scènes fréquentes éclataient dans le ménage, provoquées par le mari, qui était paresseux et débauché. Ces discussions d'ordre intime étaient calmées, généralement, par l'intervention bienveillente de la mère d'Angèle, âgée de 83 ans, qui vivait sous le même toit.
Les faits
Depuis le vendredi précédent le drame, les rapports étaient très tendus, et le mari ne cessait de répéter, en guise de menace : "Il y a eu, à Marseille, la semaine dernière, un drame sanglant au grand chemin de Toulon ; la semaine prochaine on parlera du drame de La Barque-Fuveau."
Le 19 décembre 1909 vers 8 heures du soir, une nouvelle scène éclata entre Roche et sa femme. Effrayée par les menaces de son mari, la femme Roche, après avoir préparé
le repas, monta dans sa chambre en compagnie de sa mère, laissant seul son mari au rez-de-chaussée. Elle était là depuis un moment, lorsque
Roche la somma de lui remettre vingt sous pour aller boire dans un cabaret voisin. :
- "Si dans dix minutes je n'ai pas l'argent que je demande, je te règlerai ton compte", ajouta Roche sur un ton menaçant.
- "Je n'ai pas d'argent", répondit la malheureuse femme.
Apeurée par le ton agressif de son mari, elle avait fermé à clef la porte de sa chambre.
Quelques instants après, Roche gravit l'escalier du premier étage, armé d'un fusil Gras transformé.
-"Me donneras-tu de l'argent ?" cria-t-il à travers la porte verrouillée.
Et comme la femme Roche ne répondait pas, le misérable enfonça le panneau de la porte avec le canon de son arme et, par l'ouverture qu'il s'était
ainsi faite, déchargea le fusil à bout portant sur sa femme.
La malheureuse tomba comme une masse en poussant un grand cri. Elle était morte. La charge, faisant balle, avait atteint la femme Roche
en pleine poitrine.
La veuve Rosio se trouvait auprès de sa fille et voulut appeler au secours ; mais Roche lui intima l'ordre de se taire ; il était toujours armé de son fusil. Le misérable descendit ensuite au rez-de-chaussée et passa la nuit au coin du feu, le plus tranquilement du monde. le matin, il remonta dans sa chambre et, après avoir constaté que le corps de sa femme était froid, il murmura tout doucement : " Pourquoi ne m'a-t-elle pas donné de l'argent ? " ; puis il se rendit chez son voisin à qui il racconta le drame.
La gendarmerie immédiatement prévenue envoya sur les lieux le brigadier Arnaud et les gendarmes Sylvestre et Vincent, qui commencèrent
l'enquête en compagnie du garde champêtre Coilon Célestin.
Roche a déclaré n'avoir point voulu tuer sa femme, mais comme on lui faisait remarquer l'invraissemblance de son récit, il répondit que
le coup de feu était parti accidentellement, alors qu'il menaçait son épouse pour la décider à lui remettre les vingt sous qu'il
sollicitait.
Henri Roche fut transféré à Aix et ecroué à la maison d'arrêt.
Sources
Plusieurs journaux d'époque dont :
( Source gallica.bnf.fr / BnF )