En 1908 : Attaque à main armée.
En cette année 1908, vivait, à Fuveau, un certain Jean Prieur, natif de Saint-Véran dans les Basses Alpes. Il exercait, dans la vallée de l'Arc, le métier de marchand ambulant de beurre, fromages, et conserves en demi-gros.
Le 7 janvier, vers 6 heures du soir, il revenait, sur son boghei, de faire sa tournée chez plusieurs de ses clients des
environs. Il était arrivé au quartier dit du Louas, qui était un endroit très désert, lorsque brusquement un homme armé d'un fusil se
dressa au milieu du chemin et cria à M. Prieur, en le mettant en joue :
- Arrêtez-vous ou je fais feu !
M. Prieur ne perdit pas son sang froid et fouetta vivement son cheval. Alors l'individu tira, presque à bout portant. Le cheval, effrayé
par la détonation, partit au grand galop, ne donnant pas le temps à l'agresseur de tirer un nouveau coup de fusil.
M. Prieur n'avait aucune blessure. Quelques instants plus tard, revenu de sa juste émotion, il ralentit son allure.
Etant donné la faible distance à laquelle il avait été "fusillé", il crut d'abord que le malfaiteur avait tiré à blanc, lorsqu'il
s'aperçut que la bas de la manche de son pardessus avait été emporté par la charge. Il n'y avait aucun doute à avoir sur les intentions
meurtriéres de l'agresseur.
Avec le sentiment qu'il l'avait échappé belle, M. Prieur s'en fût conter son aventure à la gendarmerie où il pût donner un signalement
un peu prècis de l'audacieux bandit de grand chemin.
Malgré cela, les gendarmes ne purent lui mettre la main dessus.
Mais l'affaire n'était pas terminée pour autant...
Quelques mois plus tard, le 28 avril, Jean Prieur revenait de faire la même tournée et se trouvait au même quartier, sur la route n° 96,
en face du château de la Braconerie de M. Thoron, quand un homme masqué, sans doute le même qu'en janvier, lui mit le fusil en joue
devant la figure. M. Prieur, voyant sa vie menacée, sauta à terre, se dissimula derrière sa voiture et prit la fuite en coiurant, pour
éviter le coup de fusil. Voyant celà, le
malfaiteur monta sur le siège, prit les guides et fouetta les chevaux qui prirent le galop jusque au haut de la montée de la Bégude.
Arrivé à cet endroit, il fit obliquer l'attelage dans un chemin de traverse qui va aboutir au Quatre-Termes, c'est à dire à la route qui
conduit à Gardanne, mais comme les cheavux étaient épuisés et le chemin très pierreux, la voiture versa : c'est alors que, ne pouvant
aller plus loin, il défonça le derrière de la voiture et s'empara de la sacoche qui contenait environ 250 francs et fila à travers champs.
Quant à M. Prieur, unn brave agriculteur le fit monter sur sa charette et le ramena à Fuveau ; on devine dans quel état. Sito arrivé, M. Long,
voiturier, attela une voiture et, accompagné de M. Prieur, de quelques dévoués citoyens, des gendarmes et du garde champêtre, ils se mirent à
la recherche de la voiture. Ils la trouvèrent là où le malfaiteur l'avait laissée.
Malgré les recherches effectuées par les gendarmes, le voleur ne fut pas retrouvé !
En 1936 : Accident d'avion.
Quelques année après cette aventure, le 21 septembre 1908, Jean Prieur épousait, à Fuveau, Henriette Blanc, née le 25 avril 1880 dans ce village.
Le 22 octobre 1912, naissait leur premier et unique enfant : Paul.
En mai 1936, Paul prieur a 24 ans. Récemment libéré su service militaire, il travaille avec son père comme représentant des produiits fromagers pour la région.
En plus de ce travail, il avait une passion : l'aviation.
Cinq ou six mois plus tôt, il était entré à l'Aéro-Club de Provence, et effectuait, ce 15 mai, sur le Potez 36 "Massilia", ses
dernières heures de vol pour obtenir son brevet de pilote. Le temps était magnifique et le ciel clair.
Paul Prieur avait fort bien pris le départ sous les yeux du moniteur chef-pilote Serniclaès, lorsque, à leur tour, décollèrent trois avions de
chasse Nieuport de la 8ème escadre aérienne.
Au départ, le capitaine Bertreau n'avait pas, paraît-il, apercu le Potez qui évoluait lentement dans le ciel, et, à 140 km/h les trois
Nieuport arrivaient vers le tranquile "Massilia". Le pilote Chauchet avait apercu le Potez et deviné le danger : par des
évolutions spéciales il signalait les risques à l'appareil de gauche piloté par le capitaine Bertrau, tandis que lui-même se portait sur
sa droite.
En appercevant la manœuvre du sergent Choulet, le capitaine Bertrau comprit que quelque chose d'annormal se passait et il essaya de se
rendre compte du danger, mais tandis qu'il essayait de voir tout autour de lui, le drame se produisit : le Nieuport arrivait sur le Potez et
lui arrachait comme un fêtui de paille sa partie arrière.
Couipé en deux, le "Massilia" ne pouvait que piquer aussitôt du nez et tous les efforts de l'infortuné Prieur pour le redresser
furent vains. Tombant à pic le Potez vint s'écraser avec son pilote sur le terrain de l'aéroport.
Le capitaine Bertau, lui, eût le temps de sauter en parachute.
Des débris amoncelés du Potez, on ne retira qu'un cadavre au visage mutilé : celui de Paul Prieur.
Fatalité, l'Aéro-Club de Provence devait, le soir même, quitter cet aéroport de Marignane pour aller s'installer sur son propre terrain.
A la suite de ce drame, le nom de "Paul Prieur" fut donné au stade de Fuveau.
Quelque mois plus tard, Jean Prieur, alors âgé de 59 ans, décida de vendre son fonds de commerce de marchand ambulant.
Sources
Plusieurs journaux d'époque dont :
( Source gallica.bnf.fr / BnF )